Produit infini

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En mathématiques, le produit infini des termes d'une suite de nombres complexes (an)n est la limite, si elle existe, de la suite des produits partiels a0a1aN quand Modèle:Mvar tend vers l'infini. On le note an, la lettre grecque Modèle:Math étant habituellement le symbole de la multiplication :

a0a1a2=n=0an=deflimNn=0Nan.

Convergence d'un produit infini

Définition

Dans le cas où tous les termes de la suite sont non nulsModèle:Note, on dit que le produit infini converge quand la suite des produits partiels (n=0Nan)N converge vers une limite non nulle ; sinon, on dit que le produit infini diverge[1]Modèle:,[2].

En cas de convergence

Si le produit infini converge, alors la suite de ses termes converge vers 1 :

(l*n=0an=l)limn+an=1.

La réciproque est fausse (comme le montre le contre-exemple Modèle:Math).

Méthode d'étude classique

Pour étudier les produits infinis, on passe le plus souvent par le logarithme pour « transformer » le produit infini en une somme infinie, plus manipulable.

Puisque Modèle:Mvar tend vers 1, il existe un rang N tel que nN|an1|<1. On peut donc appliquer le logarithme complexe, et l'on a

n=Nan=exp(n=Nlnan).

Le produit infini converge si et seulement si la série de droite converge.

On peut ainsi plus facilement étudier la convergence de produits infinis en s'appuyant sur les critères de convergence des sommes infinies.

Produit absolument convergent

Un produit an est dit absolument convergent si la série ln(an) l'est, autrement dit si n|ln(an)|<+. Un produit absolument convergent est donc convergent[3], et il est de plus commutativement convergent [2]. Modèle:ThéorèmeOn verra dans les exemples que la condition sur bn2 est importante[2].

Exemples

Exemples de produits infinis divergents

  • Comme n=2N(11n)=1/N, le produit infini n=2(11n) diverge vers 0. On en déduit la divergence de la série harmonique.
  • Idem pour n=1(1+1n) qui diverge vers l'infini.
  • La divergence de la série des inverses des nombres premiers, n=11pn=+ entraine celle des deux produits infinis correspondants :n=1(11pn)=0 et n=1(1+1pn)=+.
  • n=2(1+(1)nn)=0 (car a2pa2p+1=112p+o(1p)) mais on peut noter que (1)nn converge.

Exemples de produits infinis qui convergent, mais non absolument

  • n=2(1+(1)nn)=1 car (1+12p)(112p+1)=1 mais |ln(1+(1)nn)| diverge. Dans ce cas (1)nn converge également.
  • Il existe des exemples de produit (1+bn) convergents où la série bn est divergente [2].

Exemples de produits infinis convergents classiques

Parmi les exemples les plus connus de produits infinis se trouvent les formules suivantes exprimant des constantes mathématiques classiques :

  • π2=2222+222+2+2=n=21cos(π2n) (formule de Viète (1593) — il s'agit du premier produit infini apparu dans l'histoire des mathématiques)
  • π2=2×21×34×43×56×65×7=n=1(4n24n21) (produit de Wallis (1655))
  • π26=222213232152521=p premierp2p21 (dû à Euler, voir produit eulérien)
  • π4=33+155177+11111+113131=p premier impairpp+(1)(p+1)/2 (dû à Euler, voir produit eulérien)
  • 2=2×21×36×65×710×109×11=n=1(1(1)n2n1)=n=0((4n+2)2(4n+1)(4n+3))=n=0(1+1(4n+1)(4n+3)) (Euler (1796)[4], Catalan (1875)[5])
  • e=21436×85×710×12×14×169×11×13×15 (Catalan (1875)[6])
  • e=n=1an+1an=215416156564(an) est définie par a0=0,an=n(an1+1), suite Modèle:OEIS2C ; la formule vient du fait que n=1Nan+1an=n=0N1n!
  • ln2=n=121+21/2n=21+221+221+2 (Seidel (1871))
  • 2=n0(2n+22n+1)(1)tn=21×34×56×87×...(tn) est la suite de Prouhet-Thue-Morse[7]Modèle:,[8]Modèle:,[9]
  • 2=n=0(1+1an)=(1+13)(1+117)(1+1577), avec a0=3 et an+1=2an21, produit infini de Cantor (1869).

Autres exemples

Un produit infini convergent « naturel » peut s'exprimer à l'aide des fonctions usuelles ou aboutir à la création de nouvelles constantes, par exemple[10] :

Fonctions exprimées comme produits infinis

Premiers exemples

  • sinz=zn=1cosz2n[11].

On en déduit la formule de Viète ci-dessus en posant Modèle:Math.

En changeant Modèle:Mvar en Modèle:Math, on obtient :

  • sinhz=zn=1coshz2n.

En prenant z=lnx dans la formule précédente, on obtient le développement de Seidel du logarithme[12]Modèle:,[13]:

Factorisation de fonctions holomorphes sur le plan complexe

Un résultat majeur sur les produits infinis est le fait que toute fonction entière Modèle:Mvar (toute fonction holomorphe sur le plan complexe tout entier) se factorise en un produit infini de fonctions entières, ayant chacune au plus un zéro (s'annulant chacune au plus en une valeur).

En général, si Modèle:Mvar a un zéro d'ordre Modèle:Mvar à l'origine et d'autres zéros en u0,u1,u2, (comptés avec multiplicité), alors :

f(z)=zmeφ(z)n=0(1zun)exp{zun+(zun)2++(zun)λn}

où les exposants λn sont des entiers positifs qui peuvent être choisis pour assurer la convergence de la série, et φ(z) est une fonction analytique uniquement déterminée (ce qui signifie que le terme devant le produit ne s'annule pas sur le plan complexe).

Cette factorisation n'est pas unique, car elle dépend du choix des λn et n'est pas particulièrement élégante. Cependant, pour la plupart des fonctions, il existe un entier Modèle:Mvar minimal tel que le choix constant λn=p donne un produit qui converge, appelé la forme produit canonique et, lorsque Modèle:Math convient, on obtient :

f(z)=zmeφ(z)n=0(1zun).

Ceci peut-être vu comme une généralisation du théorème fondamental de l'algèbre car ce produit devient fini dans le cas des polynômes et lorsque φ est une fonction constante. Cette forme est équivalente à celle donnée par le théorème de factorisation de Weierstrass.

Exemples remarquables

On peut donner comme exemples remarquables les formules suivantes :

sinπz=πzn=1(1z2n2)

Formule due à Euler — le développement de Wallis pour Modèle:Math (z=1/2), la valeur de n=1(1+1n2) ci-dessus (z=i) , et la valeur de n11n2 (terme en z3) peuvent être obtenus à partir de cette identité.

cosπz=n=1(1z2(n12)2) Voir [14] — donne pour z=1/4 le développement 2=2n=1(114(2n1)2).

1/Γ(z)=zeγzn=1(1+zn)ez/n

Formule due à Schlömilch — la valeur de n=1(1+1nm) ci-dessus est issue de cette identité.

Équivalent d'un produit infini divergent classique

Pour un produit infini divergent, on peut chercher un équivalent du produit partiel. Par exemple, on a pour tout a{0,1,2,} :

  • k=1n(1+ak)n+naΓ(a+1)

avec Γ la fonction gamma d'Euler définie dans {0,1,2,} par la définition d'Euler en produit infini. L'équivalent se trouve après quelques manipulations faciles.

Notons que si a{0,1,2,}, le produit infini est alors trivialement convergent (il vaut 1 si a=0 et 0 sinon).

Donnons deux équivalents classiques découlant de cette formule, en usant des valeurs classiques Γ(32) et Γ(12), il vient :

  • k=1n(1+12k)2ππn
  • k=1n(112k)ππ1n

Notes et références

Modèle:Références

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

Modèle:MathWorld

Modèle:Portail