Conjugaison topologique

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En mathématiques, et plus particulièrement dans la théorie des systèmes dynamiques, deux fonctions f et g sont dites topologiquement conjuguées (ou simplement conjuguées lorsqu'il n'y a pas de risque de confusion avec, par exemple, la conjugaison complexe) s'il existe un homéomorphisme h tel que g=h1fh (où note la composition des fonctions). Deux fonctions conjuguées ont les mêmes propriétés dynamiques (par exemple le même nombre de points fixes), d'où l'importance de cette notion dans l'étude en particulier des suites définies par itération.

Définitions et propriétés générales

Dans tout ce qui suit, f:XX,g:YY, et h:YX notent des applications continues entre des espaces topologiques X et Y.

f est semiconjuguée (topologiquement) à g s'il existe une surjection h telle que fh=hg.

f et g sont topologiquement conjuguées si h est bijective, et si la bijection réciproque h1est également continue, autrement dit si h est un homéomorphisme ; on dit dans ce cas que h conjugue f et g, et on a g=h1fh.

Si X=Y, la conjugaison est une relation d'équivalence, puisque f=i1fi (où i est l'identité de X), g=h1fhf=(h1)1fh1 et f2=h1f1h,f3=k1f2kf3=(k1h1)f1(hk).

La conjugaison s'étend aux itérées d'une fonction, puisque g=h1fhgn=h1fnh.

Si f et g sont conjuguées par h, et si x est un point fixe de f (donc si f(x)=x), alors g(h1(x))=h1(f(h(h1(x))))=h1(f(x))=h1(x), et donc h1(x) est un point fixe de g ; plus généralement, h est une bijection entre les points fixes de g et ceux de f.

Si une suite (un)n d'éléments de X est définie par un+1=f(un), la suite (vn)n définie par v0=h1(u0) et le même schéma de récurrence vn+1=g(vn) vérifie (pour tout n) vn=h1(un), et donc la même périodicité que la suite (un) ; de plus, les applications étant continues, si la suite (un) converge vers a, alors la suite (vn) converge vers h1(a).

Exemples

  • L'application logistique xμx(1x), l'application de Mandelbrot xx2+μ et l'application de la tente xμmin(x,1x) sont conjuguées[1].
  • Les transformations de Möbius de la sphère de Riemann (distinctes de l'identité), zaz+bcz+d (avec adbc) se répartissent en deux classes d'équivalence selon qu'elles sont conjuguées à une translation zz+k (si(da)2+4bc=0) ou à une homothétie zkz (si(da)2+4bc0) ; de plus, on peut conjuguer deux transformations de la même classe par une autre transformation de MöbiusModèle:Note.

Équivalence topologique

On a une définition analogue pour les flots : si ϕ est un flot sur X, ψ un flot sur Y et h une application continue de Y vers X, ϕ est semiconjuguée (topologiquement) à ψ si h est une surjection telle que ϕ(h(y),t)=hψ(y,t) pour tous yY, t ; ϕ et ψ sont alors topologiquement conjugués si Modèle:Mvar est un homéomorphisme.

Pour les flots, on définit également une notion plus faible : ϕ et ψ sont topologiquement équivalents s'il existe un homéomorphisme h:YX, envoyant les orbites de ψ vers les orbites de ϕ et préservant leurs orientations. Plus précisément, si 𝒪 est une orbite, on doit avoir pour tout yY

h(𝒪(y,ψ))={hψ(y,t):t}={ϕ(h(y),t):t}=𝒪(h(y),ϕ),

et les flots doivent être (localement) de même sens : pour tout yY, il existe δ>0 tel que, si 0<|s|<t<δ, et si Modèle:Mvar vérifie ϕ(h(y),s)=hψ(y,t), alors s>0.

Des systèmes d'équations différentielles à deux dimensions ayant des orbites fermées (le cas non-hyperbolique) ne sont en général pas topologiquement conjugués, car il n'est pas possible d'avoir les mêmes périodes sur chaque orbite dans les deux systèmes (autrement dit, les trajectoires sont déformables les unes dans les autres, mais pas les orbites) ; c'est la raison pour laquelle on a introduit l'équivalence topologique.

Équivalence lisse et équivalence orbitale

Des notions d'équivalence plus fines peuvent être définies si les flots ϕ et ψ proviennent d'équations différentielles : deux systèmes dynamiques définis par les équations différentielles x˙=f(x) et y˙=g(y), sont dits équivalents de façon lisse (smoothly equivalent) s'il existe un difféomorphisme h:XY tel que

f(x)=M1(x)g(h(x)), oùM(x)=dh(x)dx.

Dans ce cas, on peut transformer le premier système par le « changement de coordonnées » y=h(x) pour obtenir le second.

Deux systèmes dynamiques sur le même espace d'états, définis par x˙=f(x) et x˙=g(x), sont dits équivalents pour les orbites (orbitally equivalent) s'il existe une fonction à valeurs positives, μ:X, telle que g(x)=μ(x)f(x). Des systèmes équivalents pour les orbites ne diffèrent que par la paramétrisation par le temps.

Ces deux notions d'équivalence sont plus fines que l'équivalence topologique. Par exemple, les systèmes linéaires réels de dimension 2 de la forme x˙=Ax sont caractérisés par les valeurs propres de la matrice A. En particulier, les systèmes pour lesquels ces valeurs propres sont complexes et de partie réelle positive ont des foyers instables, autour desquels les trajectoires s'enroulent en spirales ; tous ces systèmes sont topologiquement équivalents, mais non équivalent pour les orbites ou de façon lisse, la condition pour ces dernières équivalence étant que les valeurs propres soient les mêmes[2].

Un exemple d'application

Modèle:Article connexe La méthode de Newton appliquée au calcul de la racine carrée de a (méthode de Héron) amène à étudier la suite définie par xn+1=xnxn2a2xn=xn2+a2xn=f(xn), avec f:xx2+a2x ; or f est conjuguée à g:xx2 par h:xa1+x1x (avec h1:xxax+a) ; on en déduit que la suite yn=h1(xn) vérifie la récurrence yn+1=g(yn), donc yn=y02n et finalement la formule explicite xn=h(yn)=a1+y02n1y02n, qui converge très rapidement vers a si |y0|<1[3].

Voir aussi

Références

Modèle:Traduction/Référence

  1. Modèle:Ouvrage
  2. Modèle:Ouvrage
  3. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées suites

Modèle:Portail