Dual topologique
Modèle:Homon En mathématiques, et plus précisément en analyse, le dual topologique est le sous-espace du dual algébrique constitué des formes linéaires continues.
Définition
Soit E un espace vectoriel topologique sur le corps ℝ ou ℂ.
Le dual topologique E' de E est le sous-espace vectoriel de E* (le dual algébrique de E) formé des formes linéaires continues.
Si l'espace est de dimension finie, le dual topologique coïncide avec le dual algébrique, puisque dans ce cas toute forme linéaire est continue.
Mais dans le cas général, l'inclusion du dual topologique dans le dual algébrique est stricte. Modèle:Démonstration
Topologies duales
Dans certains cas, on peut définir canoniquement diverses topologies sur le dual.
Topologie faible du dual
À tout vecteur de on peut faire correspondre l'application de dans ℝ définie par . Cette application est une semi-norme sur . La topologie d'espace localement convexe définie par cette famille de semi-normes s'appelle la topologie faible du dual. C'est la topologie la moins fine rendant continues les applications f↦f(v).
Par construction, cette topologie sur E' est séparée.
Topologie forte sur le dual d'un espace normé
Si Modèle:Math est un espace vectoriel normé, on peut définir une norme duale[1] ║ . ║’ sur Modèle:Math par
(C'est un cas particulier de la norme d'opérateur.)
Modèle:Math muni de cette norme est appelé le dual fort de Modèle:Math. C'est un espace de Banach (cf. proposition 4 du § « Complétude » de l'article « Espace vectoriel normé »).
Il est important de remarquer que même en dimension finie, les espaces normés Modèle:Math et Modèle:Math, qui sont algébriquement isomorphes, ne sont pas isométriques en général. Par exemple, sur ℝModèle:Exp, les normes et sont duales l'une de l'autre, mais ne sont pas isométriques dès que n ≥ 3.
Le théorème de Banach-Alaoglu-Bourbaki affirme que la boule unité fermée du dual fort d'un espace de Banach est *-faiblement compacte.
On déduit alors du théorème de Krein-Milman que si la boule unité d'un espace de Banach Modèle:Math n'a aucun point extrémal (par exemple si Modèle:Math = [[Espace L1|Modèle:Math]] ou Modèle:Math = cModèle:Ind, l'espace des suites de limite nulle) alors Modèle:Math n'est le dual d'aucun espace.
L'[[Espace de suites lp|espace Modèle:Math]], lui, est le dual de cModèle:Ind et de nombreux autres espaces[2]Modèle:,[3], dont Modèle:Lien ou, plus généralement, des fonctions continues sur un compact dénombrable[4].
Dual topologique d'un espace préhilbertien
Lorsque H est un espace préhilbertien[5], il existe une isométrie semi-linéaire (donc ℝ-linéaire) canonique Modèle:Math de H dans H' : pour tout élément Modèle:Math de H, Modèle:Math est la forme linéaire continue définie par :
On démontre, grâce au théorème de représentation de Riesz, une propriété fondamentale : Modèle:Énoncé On en déduit (cf. § « Structure du dual » de l'article « Espace préhilbertien ») : Modèle:Énoncé
Bidual (topologique)
Alors que la notion purement algébrique du bidual ne présente aucune ambiguïté, il en est tout autrement pour les notions topologiques. En effet, selon la topologie retenue sur le dual, l'ensemble des formes linéaires continues sur ce dual pourra être plus ou moins gros.
Bidual d'un espace de Banach et réflexivité
Dans le cas d'un espace vectoriel normé E, ce qu'on appelle en général le bidual, noté E'', est le dual du dual fort.
Il existe une application naturelle de E dans son bidual, l'application d'évaluation
qui constitue une injection isométrique d'après le théorème de Hahn-Banach. Lorsque J est une bijection, l'espace E est dit réflexif.
Exemples : voir « [[Espace de suites ℓp#Propriétés|Propriétés des espaces de suites ℓModèle:Exp]] » et « [[Espace Lp#Dualité|Dualité des espaces Modèle:Math]] ».
- Théorème de Goldstine[6].
- Pour tout espace vectoriel normé réel E, la boule unité de E'' est l'adhérence pour la topologie σ(E'', E') (la topologie faible-* sur E'') de l'image par J de la boule unité de E.
Notes et références
- ↑ Modèle:Refnec au vu des développements de l'article sur la jauge d'un convexe. Une norme est en effet une jauge dont la jauge polaire n'est autre que la norme duale.
- ↑ Modèle:Article.
- ↑ Modèle:Article.
- ↑ Pour une étude plus systématique, voir Modèle:Article.
- ↑ Dans le cas complexe, deux conventions coexistent (voir l'article Forme sesquilinéaire complexe) : produit scalaire ⟨ v, w ⟩ linéaire par rapport à v et semi-linéaire par rapport à w, comme dans les articles Espace préhilbertien et Espace de Hilbert, ou l'inverse, comme ici et dans l'article Théorème de représentation de Riesz. La définition de l'application j varie naturellement en fonction de la convention choisie.
- ↑ Modèle:Bourbaki-Topologie, chap. 4, § 5, Prop. 5