Suite de Perrin
En mathématiques, la suite de Perrin est une variante de la suite de Padovan, de même relation de récurrence. Cette suite d'entiers est définie par récurrence linéaire par :
- et pour tout .
Les 20 premiers termes en sont :
| Modèle:Mvar | 0 | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 | 18 | 19 |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 3 | 0 | 2 | 3 | 2 | 5 | 5 | 7 | 10 | 12 | 17 | 22 | 29 | 39 | 51 | 68 | 90 | 119 | 158 | 209 |
Elle forme la Modèle:OEIS.

Construction géométrique
La suite de Perrin vérifie aussi la relation de récurrence d'ordre 5 : , pour . Cette propriété est à la base de la construction en spirale ci-contre, débutant avec un triangle équilatéral de côté , un triangle équilatéral de côté tronqué d'un triangle de côté 1, puis un triangle équilatéral de côté (comparer avec la construction en triangles de la suite de Padovan).
Formule de type Binet
L'équation caractéristique de la récurrence s'écrit ; les solutions en sont le nombre plastique et deux nombres complexes conjugués .
L'expression de en fonction des trois suites de base s'écrit simplement sous la forme Modèle:Centrer Des relations , on tire où , d'où la formule
Comme , on en déduit que et ,
ainsi que où est l'entier le plus proche de , à partir de [1].
Propriétés
- Relation avec la suite de Padovan, notée ici : [2].
- Comme pour la suite de Fibonacci, la suite de Perrin s'obtient par puissance -ième de la matrice compagnon du polynôme caractéristique :
Modèle:CentreretModèle:Centrer
- Expression à l'aide de coefficients binomiaux pour [2] :Modèle:Centrer

Utilisation comme test de primalité
Dans une question posée en 1899 dans l'intermédiaire des mathématiciens[3], François Olivier Raoul Perrin fait référence à une question antérieure demandant si le fait que soit divisible par soit un "criterium" pour que soit premier (hypothèse chinoise populaire au Modèle:S-). On sait aujourd'hui que le nombre ne passe pas ce test connu aujourd'hui comme "test de primalité de Fermat"[1].
La suite étant définie par récurrence par , Perrin dit avoir trouvé une autre suite récurrente jouissant de la même propriété, suite portant maintenant son nom. Et en effet : Modèle:Centrer Perrin dit avoir vérifié la réciproque de cette propriété pour de grandes valeurs de Modèle:Mvar. De fait, le premier contre-exemple n'a été trouvé qu'en 1982 par Adams et Shanks[4] : il s'agit de = 271 441 : ce nombre divise mais 271 441 = 521Modèle:2. Le nombre a Modèle:Unité.
Le nombre 271 441 est le plus petit des nombres pseudo-premiers de Perrin, formant la Modèle:OEIS. Il a été prouvé en 2010 qu'il y en a une infinité[5].
Les nombres de la suite de Perrin qui sont premiers forment la Modèle:OEIS, et leurs indices la suite Modèle:OEIS2C.
Démonstration du théorème de divisibilité
Les congruences s'entendant modulo un nombre premier , la propriété est une conséquence de la propriété : valable pour toute matrice à coefficients entiers[6], utilisée ici avec la matrice .
Une autre démonstration, similaire à celle du petit théorème de Fermat consistant à écrire : , car, d'après le théorème de Lucas, pour , est la suivante.
On va démontrer que , ce qui prouvera , car .
D'après la formule du trinôme, , et l'on a pour .
Les nombres n'étant pas entiers, on va utiliser les relations coefficients racines :
On peut alors écrire :
La dernière somme s'entendant pour toutes les permutations de , elle est symétrique et s'exprime comme fonction polynomiale avec des coefficients entiers de et est donc égale à un nombre entier. Le résultat attendu s'en déduit.
Interprétation combinatoire : disposition de convives avec distanciation physique
Description
Inspiré par la distanciation physique imposée par l'épidémie de covid, Vincent Vatter s'est posé la question du nombre de façons de placer des convives autour d'une table comportant Modèle:Mvar chaises de sorte que deux convives aient au moins une chaise libre entre eux et qu'on ne puisse plus ajouter de convive sans violer cette condition (donc pas plus de deux chaises libres entre deux convives). Par exemple, pour , il y a cinq solutions, trois avec deux convives séparés par deux chaises et deux avec trois convives séparés par une chaise.
Il a montré que le nombre de solutions pour est égal au nombre de Perrin [7].
Considérons un convive d'une disposition à chaises. Soit ce convive a une seule chaise libre à sa droite et le nombre de dispositions valables est le nombre de dispositions à chaises (enlever mentalement la chaise du convive et la chaise libre), soit il a 2 chaises libres à sa droite et le nombre de dispositions valables est le nombre de dispositions à chaises. Les initialisations étant identiques, on obtient le résultat.
Application
Cette interprétation combinatoire permet de retrouver la propriété de divisibilité ci-dessus (démonstration similaire à celle du petit théorème de Fermat par double dénombrement). Modèle:Démonstration/début Supposons en effet qu'une rotation d'angle donne la même disposition qu'une disposition donnée à chaises (avec et premier). Alors, d'après le théorème de Bézout, il existe deux entiers >0 tels que , donc . La rotation d'angle donne donc la même disposition que celle de départ, ce qui fait que deux convives sont côte à côte, ce qui est absurde.
Dès qu'une disposition conforme à chaises existe, les rotations d'angle successives de cette disposition sont bien distinctes, donc est multiple de . Modèle:Démonstration/fin
Autres dispositions "covidiennes"
Le nombre de dispositions maximales de convives vérifiant la propriété de distanciation à rotation de la table (supposée circulaire) près, forme la suite définie par , où est l'indicatrice d'Euler[2]. Par exemple, pour six convives les cinq dispositions vues ci-dessus, ne sont plus que deux à rotation près. Les dix premiers termes de la suite sont : 0, 1, 1, 1, 1, 2, 1, 2, 2, 3 ; Modèle:OEIS.
Le nombre de dispositions maximales vérifiant la propriété de distanciation où les personnes sont cette fois disposées en ligne est égal à où est la suite de Padovan[2]. Par exemple, pour , il y a 01010, 10010, 01001 et 10101 en notant 0 pour une place vide et 1 pour une place occupée.
Notes et références
Modèle:Traduction/Référence Modèle:Références
Voir aussi
- Suite de Padovan
- Suite de Lucas, qui est à la suite de Fibonacci, ce qu'est la suite de Perrin à la suite de Padovan.
- Suite de Narayana, associée à une suite vérifiant la même propriété de divisibilité que la suite de Perrin.