Exponentielle d'une matrice

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En mathématiques, et plus particulièrement en analyse, l'exponentielle d'une matrice est une fonction généralisant la fonction exponentielle aux matrices et aux endomorphismes par le calcul fonctionnel. Elle fait en particulier le pont entre un groupe de Lie et son algèbre de Lie.

Définition

Modèle:Théorème

Pour n = 1, on retrouve la définition de l'exponentielle complexe.

Propriétés

Modèle:Section à sourcer Sauf indication contraire, Modèle:Mvar, Modèle:MvarModèle:Etc. désignent des matrices Modèle:Math complexes (à coefficients complexes).

Propriétés générales


Transposition et conjugaison

La transposée, la conjuguée et l'adjointe d'une matrice Modèle:Mvar sont notées X𝖳, X et X.

  • L'exponentielle de la transposée d'une matrice est la transposée de l'exponentielle de la matrice : eX𝖳=(eX)𝖳. Il s'ensuit que :
  • L'exponentielle de la conjuguée d'une matrice est la conjuguée de l'exponentielle de la matrice : eX=eX et donc, compte tenu de la propriété précédente :
  • L'exponentielle de l'adjointe d'une matrice est l'adjointe de l'exponentielle de la matrice : eX=(eX). Il s'ensuit que :

Commutativité

Le commutateur de Modèle:Mvar et Modèle:Mvar est noté Modèle:Math.

Modèle:Démonstration

La réciproque est cependant fausse : pour

X=(0002iπ),Y=(0012iπ),

on a

eX=eY=eX+Y=(1001)

mais ces deux matrices ne commutent pas.

Application exponentielle

Modèle:Article connexe

Application exponentielle de matrice Modèle:Math

L'exponentielle d'une matrice est toujours inversible. L'inverse de Modèle:Math est donné par Modèle:Math. Cette fonction est donc une application exp:Mn()GLn() de l'ensemble des matrices Modèle:Math vers le groupe général linéaire, c'est-à-dire le groupe de toutes les matrices inversibles. Cette application est surjective.

Pour deux matrices Modèle:Mvar et Modèle:Mvar, nous avons :

eX+YeXYeXeY,

où || · || désigne une norme matricielle arbitraire. Il suit que l'application exponentielle est continue et lipschitzienne sur tout sous-ensemble compact de Mn().

L'application exp:Mn()GLn() est même de classe C.

Sa différentielle en Modèle:Math est l'identité et elle réalise un difféomorphisme entre un voisinage de Modèle:Math et un voisinage de l'identité.

Application Modèle:Math

L'application :

tetX,t

définit une courbe de classe C dans le groupe linéaire qui passe par l'identité en t = 0. Cette courbe est en fait un sous-groupe de Lie commutatif à un paramètre de GLn() puisque :

et1Xet2X=e(t1+t2)X=et2Xet1X.

La dérivée de cette courbe au point t est donnée par :

ddtetX=XetX=etXX(1)

(la dérivée au point t = 0 est la matrice Modèle:Mvar, ce qui revient à dire que Modèle:Mvar engendre ce sous-groupe à un paramètre)

En effet, plus généralement, la différentielle de l'application exponentielle en une matrice Modèle:Mvar est donnée par :

exp'X(H)=i,jXiHXj(i+j+1)!=i,jB(i+1,j+1)Xii!HXjj!=01e(1α)XHeαXdα

Modèle:Math désigne la fonction bêta, d'où :

si XH=HX,exp'X(H)=HeX.

Exemples physiques

Rotation dans le plan

Dans le plan euclidien muni d'un repère orthonormé, considérons la matrice de rotation d'angle Modèle:Sfrac :

R=(0110).

Alors :

eθR=(cosθsinθsinθcosθ)=R(θ)

est la matrice de rotation d'angle Modèle:Mvar[4].

Transformation de Galilée

Soit la matrice :

PG=(0100).

Alors :

evPG=(1v01)=TG(v)

est la matrice de transformation de Galilée dans le plan Modèle:Math pour un déplacement de vitesse Modèle:Mvar sur l'axe Modèle:Math[4] : Modèle:Math.

Transformation de Lorentz

Soit la matrice :

PL=(0110).

Alors :

eφPL=(coshφsinhφsinhφcoshφ)=TL(φ)

est la matrice de transformation de Lorentz dans le plan Modèle:Math pour un déplacement de rapidité Modèle:Mvar sur l'axe Modèle:Math[4].

Rotations dans l'espace

Soit n^ un vecteur unitaire de cosinus directeurs Modèle:Math (n^=αex+βey+γez avec Modèle:Math), et soit la matrice[alpha 1] :

Nn^=(0γβγ0αβα0).

Alors :

eθNn^=Rn^(θ)

est la matrice de rotation d'angle Modèle:Mvar autour d'un axe Modèle:Math de vecteur unitaire n^[4].

Déformations

En géologie structurale, on s'intéresse à la déformation finie résultant, au bout d'un certain temps, d'une déformation progressive[5] :

rf=Dr0,
drdt=L(t)r(t),

r(t)=OM désigne le vecteur position par rapport à un point matériel arbitraire choisi comme origine (qui peut suivre n'importe quelle trajectoire entre les instants Modèle:Math et Modèle:Math), r0 la position initiale (à t=t0) et rf la position finale (à Modèle:Math). Modèle:Mvar est la « matrice de déformation finie » et Modèle:Math la « matrice de déformation progressive ».

Calculs de l'exponentielle d'une matrice

Le calcul d'une exponentielle de matrice n'est pas a priori un problème facile. Cependant, dans certains cas, et notamment ceux d'une matrice diagonale et d'une matrice nilpotente, il ne présente aucune difficulté. Une fois cette remarque faite, le cas général peut se traiter en se ramenant aux deux cas précédents.

Matrice diagonalisable

Si D est une matrice diagonale, c'est-à-dire :

D=(d1000d2000dn),

alors son exponentielle est obtenue en calculant l'exponentielle de chacun des termes de la diagonale principale :

eD=(ed1000ed2000edn).


Si A est une matrice diagonalisable, c'est-à-dire :

A=PDP1

D est diagonale, alors

eA=PeDP1.

L'application exponentielle préserve ainsi les espaces propres, soit les sous-espaces engendrés par les vecteurs colonnes de P.

De plus, les valeurs propres de Modèle:Math sont les exponentielles de celles de A, soit les éléments diagonaux de eD.

Matrice nilpotente

Une matrice N est nilpotente si Nq = 0 pour un entier q. Dans ce cas, son exponentielle Modèle:Math se calcule directement à partir de son développement en série, puisque celui-ci ne comporte alors qu'un nombre fini de termes :

eN=I+N+N22!+N33!++Nq1(q1)!.

Matrice quelconque

Lorsque le polynôme minimal d'une matrice X est scindé (ce qui est en particulier toujours le cas pour les matrices à coefficients complexes), la décomposition de Dunford donne

X=A+N

  • A est diagonalisable ;
  • N est nilpotente ;
  • A commute avec N.

Dès lors, le calcul de l'exponentielle de X se réduit aux deux cas précédents :

eX=eA+N=eAeN.

On peut aussi faire appel à la réduction de Jordan : soit J la forme de Jordan de X, et P la matrice de passage. Alors,

eX=PeJP1.

Puisque

J=Ja1(λ1)Ja2(λ2)Jan(λn),
eJ =exp(Ja1(λ1)Ja2(λ2)Jan(λn))
=exp(Ja1(λ1))exp(Ja2(λ2))exp(Jak(λk)).

En conséquence, il faut seulement connaître la méthode pour calculer l'exponentielle d'un bloc de Jordan. Chacun est de la forme

Ja(λ)=λI+N

N est une matrice nilpotente. L'exponentielle du bloc est donnée par

eλI+N=eλeN.

Exemple

Soit la matrice

B=(211765164416)

qui a la forme de Jordan

J=P1BP=(40001610016)

et la matrice de passage

P=(1425414214040),

d'inverse

P1=(1520014110).

Maintenant,

J=J1(4)J2(16)eteB=PeJP1=P(eJ1(4)eJ2(16))P1.

L'exponentielle de la matrice 1×1 JModèle:Ind(4) = [4] est simplement la matrice 1×1 [eModèle:4].

L'exponentielle de la matrice 2×2 JModèle:Ind(16) peut se calculer par la formule eModèle:Exp = eModèle:Exp eModèle:Exp mentionnée ci-dessus ; on obtient

exp(16I+(0100))=e16((1001)+(0100)+12!(0000)+)=(e16e160e16),

d'où

eB=P(e4000e16e1600e16)P1=14(13e16e413e165e42e162e49e16+e49e16+5e42e16+2e416e1616e164e16).

Applications

Équations différentielles linéaires

Une des premières applications de l'exponentielle de matrices est la résolution des équations différentielles ordinaires. En effet, de l'équation ci-dessus, on déduit que la solution de :

ddty(t)=Ay(t),y(0)=y0,

A est une matrice, est donnée par

y(t)=eAty0.

L'exponentielle d'une matrice peut aussi servir à résoudre les équations non homogènes :

ddty(t)=Ay(t)+b(t),y(0)=y0.

En multipliant par eAt, nous avons

eAtddty(t)eAtAy(t)=eAtb
ddt(eAty)=eAtb.

La résolution du système se ramène donc au calcul de eAt.

Il n'existe pas de solution explicite pour les équations différentielles de la forme :

ddty(t)=A(t)y(t),y(0)=y0

A n'est pas constant, mais le Modèle:Lien donne la solution sous la forme d'une somme infinie.

Exemple (équation homogène)

Soit le système

{x=2xy+zy=3yzz=2x+y+3z.

La matrice associée est

M=(211031213)

et son exponentielle est

etM=(111101111)(etJ2(2)etJ1(4))(1/211/21101/201/2)=((e2t(12t)+e4t)/2te2t(e2t+e4t)/2(e2t(1+2t)e4t)/2e2t(1+t)(e2te4t)/2(e2t(1+2t)+e4t)/2te2t(e2t+e4t)/2).

La solution générale du système est donc

(xyz)=C12(e2t(12t)+e4te2t(1+2t)e4te2t(1+2t)+e4t)+C2(te2te2t(1+t)te2t)+C32(e2t+e4te2te4te2t+e4t)

c'est-à-dire, en posant a=C1/2, b=C2 et c=C3/2 :

x=a(e2t(12t)+e4t)bte2t+c(e2t+e4t)y=a(e2t(1+2t)e4t)+be2t(1+t)+c(e2te4t)z=a(e2t(1+2t)+e4t)+bte2t+c(e2t+e4t).

Exemple (équation non homogène, variation de la constante)

Pour une équation non homogène, on peut utiliser une méthode semblable à la variation de la constante.

Nous cherchons une solution de la forme Modèle:Math :

𝐲p=(etA)𝐳(t)+etA𝐳(t)=AetA𝐳(t)+etA𝐳(t)=A𝐲p(t)+etA𝐳(t)

Avec Modèle:Math comme solution :

etA𝐳(t)=𝐛(t)
𝐳(t)=(etA)1𝐛(t)
𝐳(t)=0teuA𝐛(u)du+𝐜.

Alors,

𝐲p=etA0teuA𝐛(u)du+etA𝐜=0te(tu)A𝐛(u)du+etA𝐜

c dépend des conditions initiales.

Exemple (non homogène)

Soit le système

{x=2xy+z+e2ty=3y1zz=2x+y+3z+e2t.

Nous avons donc

M=(211031213)et𝐛=e2t(101).

Comme auparavant, la somme de la solution homogène et de la solution particulière donne la solution générale. La solution homogène étant connue, il suffit de trouver la solution particulière.

𝐲p=et0teuA(e2u0e2u)du+etA𝐜=et0t(2eu2ue2u2ue2u02eu+2(u+1)e2u2(u+1)e2u02ue2u2ue2u2eu)(e2u0e2u)du+etA𝐜=et0t(e2u(2eu2ue2u)e2u(2eu+2(1+u)e2u)2e3u+2ue4u)du+etA𝐜=et(124e3t(3et(4t1)16)124e3t(3et(4t+4)16)124e3t(3et(4t1)16))+(2et2te2t2te2t02et+2(t+1)e2t2(t+1)e2t02te2t2te2t2et)(c1c2c3),

expression qui peut être simplifiée pour obtenir la solution particulière cherchée.

Notes et références

Modèle:Traduction/Référence

Notes

Modèle:Références

Références

Modèle:Références

Voir aussi

Modèle:Autres projets

Bibliographie

Articles connexes

Modèle:Portail


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