Formules pour les nombres premiers

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En mathématiques, la recherche de formules exactes donnant tous les nombres premiers, certaines familles de nombres premiers ou le Modèle:Nobr nombre premier s'est généralement avérée vaine, ce qui a amené à se contenter de formules approchées. Cette page recense les principaux résultats obtenus.

Formules exactes simples

L'espoir d'obtenir une formule exacte et simple donnant le n-ième nombre premier Modèle:Mvar, ou le [[Fonction de compte des nombres premiers|nombre Modèle:Math de nombres premiers inférieurs ou égaux à n]], s'est très tôt heurté à l'extrême irrégularité de leur répartition, ce qui a amené à se contenter d'objectifs moins ambitieux. Mais même la recherche de formules ne donnant que des nombres premiers s'avère assez décevante ; ainsi, il est facile de montrer qu'il n'existe aucune fonction polynomiale non constante Modèle:Math qui ne prendrait que des valeurs premières pour tous les entiers Modèle:Mvar, ou même pour presque tous les Modèle:Mvar[1] ; en fait, on ignore même s'il existe un polynôme de degré > 1 qui prenne une infinité de valeurs premières[2].

C'est ce qui explique l'intérêt de la remarque d'Euler : le polynôme quadratique Modèle:Math est premier pour tous les nombres entiers positifs strictement inférieurs à 40 (P(40)=1681=412 et si Modèle:Mvar est un multiple de 41, Modèle:Math sera lui aussi un multiple de 41, et donc non premier). D'ailleurs, 41 est le plus grand « nombre chanceux d'Euler », c'est-à-dire le plus grand entier Modèle:Mvar pour lequel le polynôme Modèle:Math est premier pour tous les Modèle:Mvar strictement inférieurs à Modèle:Math ; cela résulte du théorème de Stark-Heegner, un résultat de la théorie des corps de classes qui n'a été démontré qu'en 1967. De manière similaire, d'autres formules polynomiales (de degré plus élevé) produisent des suites de nombres premiers. Ainsi, en 2010, l'une d'entre elles a permis d'établir un nouveau record : une suite de 58 nombres premiers[3] :

172n6524n5149372n4+10278n3+10047118n2119716n57347 est premier[4] pour chaque entier Modèle:Mvar de –42 à 15.

D'autres formules utilisant des fonctions plus générales, telle celle de Mersenne, avaient été envisagées, la plus célèbre étant celle conjecturée par Fermat : Modèle:Math est premier pour tout Modèle:Mvar. Hélas, si ces nombres (appelés désormais nombres de Fermat) sont bien premiers pour Modèle:Math, Euler découvrit que le sixième, Modèle:Math, est divisible par 641, ruinant la conjecture ; actuellement, on pense au contraire que Modèle:Mvar est toujours composé dès que Modèle:Math[5]. Dans le même genre, la formule de Mills n'engendre que des nombres premiers, mais a l'inconvénient de n'être que théorique.

Formules approchées

Modèle:Article détaillé

Des formules approchées donnant Modèle:Mvar ou Modèle:Math ont été imaginées au Modèle:S-, culminant avec les conjectures de Legendre et Gauss. Si leur hypothèse la plus simple, limn+π(n)lnn/n=1, a été démontrée par Hadamard et La Vallée Poussin un siècle plus tard (c'est le théorème des nombres premiers), la difficulté du problème est bien montrée par le fait qu'une des conjectures de Gauss, plus précise, et majorant Modèle:Math par Li(n)=2ndxlnx, qui paraissait fort plausible au vu des tables de ces deux fonctions, s'est cependant révélée fausse, mais seulement pour des valeurs de Modèle:Mvar gigantesques[6].

Des résultats plus précis, et en particulier une bonne estimation du terme d'erreur Modèle:Math dans la formule Modèle:Math, font encore l'objet de conjectures (dépendant souvent de l'hypothèse de Riemann) ; parmi les meilleurs résultats vraiment démontrés, on peut citer l'encadrement suivant, déterminé par Dusart en 1999[7] :

n(lnn+lnlnn1)<pn<n(lnn+lnlnn1/2).

Ces méthodes sont loin de donner des formules exactes ; par exemple, cet encadrement affirme seulement que le millième nombre premier, 7919, est compris entre 7840 et 8341.

Formules exactes sans intérêt pratique

Malgré les remarques précédentes, il est cependant possible d'obtenir des formules exactes d'apparence simple, mais sans intérêt pratique du fait de calculs trop longs.

Utilisation du théorème de Wilson

Le théorème de Wilson permet facilement de montrer que la fonction Modèle:Math produit tous les nombres premiers, et seulement eux, quand Modèle:Mvar parcourt tous les entiers positifs : Modèle:Math si n + 1 est premier, et Modèle:Math sinon[8].

La factorielle de Modèle:Mvar prend rapidement des valeurs bien trop grandes pour être utilisable en pratique, mais le recours à la fonction modulo (que l'on sait calculer rapidement) contourne cette difficulté ; cependant, les seules méthodes connues pour calculer Modèle:Math prennent environ Modèle:Mvar opérations élémentaires, de plus, cette fonction ne donne pas réellement Modèle:Math, mais teste seulement si Modèle:Mvar est premier ou non ; pour ce test, ou pour calculer Modèle:Math, Modèle:Mvar est donc beaucoup plus inefficace que la méthode de division par tous les entiers inférieurs ou égaux à Modèle:Sqrt (ou que le crible d'Ératosthène), méthodes elles-mêmes bien moins rapides que les meilleurs tests de primalité actuellement connus.

D'autres formules donnant directement Modèle:Mvar ou Modèle:Math peuvent être construites à partir de Modèle:Mvar ; ainsi, on a, en utilisant la fonction partie entière Modèle:Math :

π(n)=j=2n(j1)!+1j(j1)!j ;

mais ces formules sont encore moins facilement utilisables que celle donnant Modèle:Mvar.

Simulation du crible d'Ératosthène

Une autre approche, plus prometteuse et n'utilisant pas le théorème de Wilson, consiste essentiellement à simuler le crible d'Ératosthène, ou les formules qu'on peut en déduire, comme la formule d'inclusion-exclusion de Legendre[9] ; c'est le terrain de prédilection de nombreux amateurs, ainsi, les formules suivantes ont été déterminées en 2000 par un enseignant espagnol, S. M. Ruiz[10]  :

π(n)=n1+j=2n[2j(1+s=1j(j1sjs))]

et

pn=1+k=12(nln(n)+1)(1π(k)n).

On remarquera le nombre important de sommations dans ces formules, qui fait qu'elles seraient, elles aussi, peu utilisables en pratique ; de bien meilleures méthodes de calcul exact de Modèle:Math et Modèle:Mvar, qu'on trouvera détaillées dans l'article consacré à ces fonctions, restent d'ailleurs relativement inefficacesModèle:Note.

Relation diophantienne

Compte tenu des remarques de la première section, l'existence de polynômes à plusieurs variables ne prenant que des valeurs premières paraissait peu vraisemblable. Aussi, les travaux de Youri Matiiassevitch, qui a résolu en 1970 le dixième problème de Hilbert en montrant que toute relation diophantienne pouvait être codée par un tel polynôme, provoquèrent une véritable surprise. Il est même possible de donner des exemples explicites de ce résultat ; ainsi, le monstrueux polynôme suivant (de degré 25, et comportant 26 variables)[11] :

(k+2)(1α02α12α132)

avec

α0=wz+h+jq
α1=(gk+2g+k+1)(h+j)+hz
α2=16(k+1)3(k+2)(n+1)2+1f2
α3=2n+p+q+ze
α4=e3(e+2)(a+1)2+1o2
α5=(a21)y2+1x2
α6=16r2y4(a21)+1u2
α7=n+l+vy
α8=(a21)l2+1m2
α9=ai+k+1li
α10=[(a+u2(u2a))21](n+4dy)2+1(x+cu)2
α11=p+l(an1)+b(2an+2an22n2)m
α12=q+y(ap1)+s(2ap+2ap22p2)x
α13=z+pl(ap)+t(2app21)pm

a, pour ensemble de valeurs strictement positives (lorsque (a,,z)26), exactement l'ensemble des nombres premiers[12].

Mais on peut cependant se demander s'il s'agit bien là encore d'une « formule ». Il est d'ailleurs extrêmement difficile de trouver un jeu de 26 variables donnant un nombre positif, et il n'existe aucune méthode connue pour résoudre un tel système autrement que par l'exploration de toutes les combinaisons possibles des paramètres.

Suites définies par récurrence

Bien qu'on ne puisse pas parler exactement de formule, une suite définie par une relation de la forme Modèle:Math, où Modèle:Mvar est une fonction assez simple, et qui ne prendrait que des valeurs premières, resterait intéressante. Certaines suites dérivées de la démonstration d'Euclide de l'infinité des nombres premiers (comme la suite de Sylvester) s'avèrent décevantes à cet égard, ainsi on ne sait même pas s'il existe une infinité de nombres premiers primoriels. On ne connaît en fait que peu d'exemples intéressants de telles suites, d'ailleurs d'une forme un peu plus complexe.

Algorithme FRACTRAN

Conway a ainsi défini une généralisation du problème de Syracuse, qui le transforme en un langage de programmation, FRACTRAN ; le texte suivant[13] :

1791,7885,1951,2338,2933,7729,9523,7719,117,1113,1311,1514,152,551.

correspond, pour ce langage, à un programme qui produit, dans l'ordre, la suite des nombres premiers (on peut donc l'interpréter comme une suite définie par récurrence). Pour cela, partant du nombre 2, on multiplie itérativement par la première fraction donnant un produit entier. Parmi la suite d'entiers qu'on obtiendra, les puissances de 2 successives auront pour exposant la suite des nombres premiers. L'efficacité de ce programme étant extrêmement faible, l'intérêt est seulement dans l'élégance de son écriture.

Suite de Rowland

La suite Modèle:Mvar définie par la relation de récurrence

an=an1+gcd(n,an1),a1=7,

(où Modèle:Math désigne le PGCD de Modèle:Mvar et Modèle:Mvar) et Modèle:Math commence par 1, 1, 1, 5, 3, 1, 1, 1, 1, 11, 3, 1, 1, ... (Modèle:OEIS). Rowland a démontré en 2008 que cette suite ne contient (à part 1) que des nombres premiers[14].

Suites dépendant d'un nombre réel

Formule de Mills

En 1947, William H. Mills a montré qu'il existe des nombres réels Modèle:Mvar tels que pour tout entier Modèle:Mvar, la partie entière de Modèle:Math est un nombre premier[15]. Le plus petit Modèle:Mvar ayant cette propriété, la constante de Mills, est d'ailleurs connu avec une bonne précision, mais qui s'avère tout aussi illusoire pour calculer de grands nombres premiers, par exemple parce que la taille de Modèle:Math devient rapidement bien supérieure à tout ce qu'un ordinateur peut contenir (pour stocker Modèle:Math, on a déjà besoin d'un téraoctet).

Suite de Fridman

En 2017, Fridman Modèle:Et al. ont démontré[16] que la suite de réels Modèle:Math définie par :

  • f1=k=1pk1pk1#=k=1pk1i=1k1pi
  • n1fn+1=fn(fnfn+1)

vérifie :

n1pn=fn.

L'irrationnel Modèle:Math[17] n'est autre[18] que la valeur moyenne de la suite 2, 3, 2, 3, 2, 5, etc. dont le Modèle:Mvar-ième terme est le plus petit nombre premier ne divisant pas Modèle:Mvar[16]Modèle:,[19].

Bien que les calculs correspondants soient plus maniables que ceux de la formule de Mills, ce résultat reste tout aussi théorique. En effet, ces calculs nécessitent de connaître un nombre de plus en plus important de décimales de Modèle:Math Modèle:Refsou, mais Modèle:Refsou. Par contre, cela procure une compression mémoire, en effet, le stockage de n décimales nécessite moins de mémoire que pour les n premiers nombres premiers.

Fraction continue

La notion de fraction continue permet de définir le nombre réel positif u1=[p1,p2,p3,...]=2.31303673643... Modèle:OEIS2C à partir duquel on retrouve la suite des nombres premiers en utilisant la récurrence suivante: un+1=(unun)1. Il s'ensuit que pn=un.

La méthode de Fridman et al. peut être vue comme une alternative de la méthode par fraction continue (connue antérieurement), et on peut donc émettre la même réserve : le nombre u1 est défini (ci-dessus) en utilisant les nombres premiers, il faudrait donc une définition alternative indépendante des nombres premiers pour que cette méthode soit utilisable.

Notes et références

Modèle:Traduction/Référence

  1. Modèle:Ouvrage, th. 21, dû à Goldbach (Lettre CLI, à Euler, 18 novembre 1752). Pour une généralisation, voir aussi le théorème 22, p. 24 et 83, dû à Modèle:Article.
  2. Modèle:En Andrew Granville, Conférence à la MAA, décembre 2008, d'où sont tirées beaucoup des remarques informelles de cet article ; en voici l'enregistrement (audio) ; il est cependant conjecturé que, par exemple, c'est le cas du polynôme Modèle:Math, et la conjecture de Bateman-Horn prédit le comportement de ces valeurs premières de manière bien confirmée empiriquement.
  3. Modèle:Lien web.
  4. Il s'agit en fait de nombres premiers dans Z, c'est-à-dire d'entiers relatifs dont la valeur absolue est un nombre premier.
  5. Boklan et Conway ont publié en mai 2016 une analyse très fine estimant la probabilité d'un autre nombre premier à moins d'un sur un milliard (Modèle:Article).
  6. Voir Nombre de Skewes, où l'on trouvera aussi les meilleures valeurs de ces n actuellement connues.
  7. Modèle:Article ; l'encadrement est valable pour n > 4 avec la convention p2=2 et en fait, cet article donne des bornes un peu plus précises, mais valables seulement pour Modèle:Mvar assez grand : on a (pour Modèle:Math) n(lnn+lnlnn1)<pn<n(lnn+lnlnn0,95); pour le cent millième nombre premier, p100000=1299709, cela correspond à l'encadrement 1295639<p100000<1300639.
  8. En effet, si n + 1 est premier, d'après le théorème de Wilson, on a Modèle:Math congru à –1 modulo Modèle:Math, donc la division de Modèle:Math par Modèle:Math laisse un reste de n – 1 et f(n) = 2 + (n – 1) = n + 1 dans ce cas ; si n + 1 est composé et strictement supérieur à 4, n! est divisible par n + 1 et Modèle:Math ; enfin, Modèle:Math et Modèle:Math.
  9. Cette formule (connue aussi sous le nom de formule du crible) a été déterminée par Legendre pour calculer rapidement Modèle:Math sans avoir besoin de chercher explicitement tous les nombres premiers inférieurs à Modèle:Mvar ; on la trouvera, ainsi que ses améliorations plus récentes, dans [[Fonction de compte des nombres premiers#Algorithmes d'évaluation de π(x)|l'article consacré à Modèle:Math]].
  10. Ces formules figurent sur la page personnelle de leur auteur, Sebastián Martín Ruiz Modèle:Es ; il en a publié une démonstration en 2002 Modèle:En, en collaboration avec S. Sondow.
  11. Matiiassevitch a montré en 1999 qu'on peut ramener tout polynôme codant ainsi une relation diophantienne à un polynôme en 9 variables, mais au prix, dans cet exemple, d'un degré dépassant 1045. Inversement, on a déterminé un polynôme de degré 4, mais à 56 variables ; voir à ce sujet Modèle:Article.
  12. Modèle:Article (Prix Lester Randolph Ford 1977).
  13. Modèle:Ouvrage
  14. Modèle:Ouvrage
  15. Modèle:Article.
  16. 16,0 et 16,1 Modèle:Article.
  17. Suite Modèle:OEIS2C de l'OEIS.
  18. Modèle:Ouvrage.
  19. Suite Modèle:OEIS2C de l'OEIS : Modèle:Citation étrangère.

Voir aussi

Bibliographie

Lien externe

Modèle:MathWorld Modèle:Palette Modèle:Portail