Suite de Tribonacci
Une suite de Tribonacci est une suite d'entiers dont la relation de récurrence est inspirée de celle de la suite de Fibonacci : chaque terme est la somme des trois termes qui le précèdent (dans une suite de Fibonacci, chaque terme est la somme des deux termes qui le précèdent).
Le terme de Tribonacci est un néologisme formé de tri (récurrence à trois termes) et de bonacci (en allusion au mathématicien Fibonacci). Il a été suggéré par Feinberg en 1963[1]. Il existe de même des suites de Tetranacci où chaque terme est la somme des 4 termes qui le précèdent et même des suites de Modèle:Mvar-bonacci où chaque terme est la somme des Modèle:Mvar termes qui le précèdent.
On définit aussi une suite de mots de Tribonacci, construite à partir de trois lettres à l'aide de la substitution de Tribonacci : a donne ab, b donne ac, et c donne a.
Étude mathématique
- La suite de Tribonacci étudiée ici est définie par :
- , , ;
- pour tout entier naturel Modèle:Mvar, .
- Les dix premiers termes sont donc : 0, 1, 1, 2, 4, 7, 13, 24, 44, 81 (Modèle:OEIS décalée d'un cran : ).
- La relation de récurrence peut s'écrire aussi : pour .
- Comme , on a :
- La série génératrice de cette suite est donnée par :
- .
Modèle:Démonstration/début La série génératrice de la suite est alors , celle de est et celle de est ; la relation de récurrence , valable pour tout n supérieur ou égal à 3, assure que
- .
Les termes en complément correspondent aux 3 premiers termes des suites. Il suffit alors de résoudre cette équation. La fonction génératrice de la suite est donc :
- .
- Modèle:Lien a prouvé en 1980[2] qu'il existe une partition de ℕ en deux ensembles dont la somme ne contient aucun élément de la suite de Tribonacci.
Formule de type Binet
L'étude des suites récurrentes linéaires permet de dire que cette suite est combinaison linéaire des trois suites , , où sont les trois racines du polynôme . La racine réelle (environ égale à 1,839), notée par analogie avec la notation du nombre d'or ou constante de Fibonacci, est appelée constante de Tribonacci. Elle est égale à la limite du quotient (suivant sur précédent) de deux termes consécutifs. Les formules de Cardan en donnent une valeur exacte[3]:
- .
Le terme général de la suite est alors :
- où les sont donnés par les formules suivantes [1] :
D'après les relations entre coefficients et racines, on a , donc , sont de module . On obtient :
- où ,
et aussi, uniquement en fonction de [4]Modèle:,[5] :
où désigne la fonction Modèle:Citation.
Propriétés de la constante de Tribonacci
On a :
, décimales données par la Modèle:OEIS.
Cette constante vérifie par définition : Modèle:Centrer donc aussi : Modèle:Centrer Son inverse, solution positive de Modèle:Formule a pour décimales la Modèle:OEIS.
Elle intervient dans les coordonnées des sommets du cube adouci.

Construction géométrique
La constante de Tribonacci, algébrique de degré 3, n'est pas constructible à la règle et au compas, mais on peut la construire à la règle graduée et au compas.
Dans la figure ci-contre, posant , on a , donc, posant , on a , sachant . En éliminant , on obtient , ce qui montre que la constante de Tribonacci est égale à la longueur .
On a , voir la Modèle:OEIS.
L'angle vaut environ 57,065°.
Interprétation combinatoire de la suite de Tribonacci
Modèle:Math est égal au nombre de suites finies d'entiers égaux à 1, 2 ou 3 dont la somme est égale à Modèle:Mvar , c'est-à-dire le nombre de compositions de Modèle:Mvar formées à partir de ces entiers ; par exemple car 3 s'écrit [6]Modèle:,[7].
De façon imagée, Modèle:Math est le nombre de façons de vider un tonneau de Modèle:Mvar litres à l'aide de bouteilles de un, deux, ou trois litres, ou le nombre de façons de découper un segment de longueur Modèle:Mvar en segments de longueur 1, 2 ou 3.
Modèle:Démonstration/début les compositions de Modèle:Mvar se terminant par 1 sont obtenues en ajoutant 1 à la fin d'une composition de , celles se terminant par 2 sont obtenues en ajoutant 2 à la fin d'une composition de , celles se terminant par 3 sont obtenues en ajoutant 3 à la fin d'une composition de , donc le nombre de composition de Modèle:Mvar vérifie . De plus, (la composition vide), (la composition (1)), (les compositions (1,1) et (2)), ce qui montre la relation. Modèle:Démonstration/fin
De manière plus générale[6], le terme d'indice Modèle:Mvar + 1 d'une suite de Modèle:Mvar-bonacci (chaque terme est la somme des Modèle:Mvar précédents, les termes d'indice étant égaux à correspond au nombre de compositions de Modèle:Mvar formées à partir des entiers de 1 à Modèle:Mvar.
Suite de mots de Tribonacci
C'est la suite de mots définie par :
- M(1) = a
et par la substitution de Tribonacci suivante :
- a donne ab, b donne ac, et c donne a.
Nous obtenons alors la suite de mots suivants : a, ab, ab|ac, abac|ab|a, abacaba|abac|ab, abacabaabacab|abacaba|abac...
On s'aperçoit ainsi que chaque mot est obtenu par concaténation des 3 mots précédents : la longueur du mot M(n) est donc égale à .
Le mot infini obtenu à la limite est le mot infini de Tribonacci. C'est un mot purement morphique.
Cette suite de mots intervient dans la construction de la fractale de Rauzy.
Autres suites remarquables ayant la récurrence de Tribonacci
1)
La suite définie par ; elle est la suite somme des puissances n-ièmes des racines de : Modèle:CentrerPremiers termes : 3, 1, 3, 7, 11, 21, 39, 71, 131,..., Modèle:OEIS.
De , on tire où , d'où la formule :Modèle:CentrerEt à partir de : Modèle:Centrer
Expression à l'aide de la matrice compagnon de :
Modèle:Centrer
Cette suite est à la suite de Tribonacci définie ci-dessus ce qu'est la suite de Perrin à la suite de Padovan ; elle possède la propriété arithmétique remarquable que si est premier, est un multiple de .
Ceci peut être vu comme une application de la propriété de congruence pour les matrices à coefficients entiers : [8].
Le nombre est le plus petit composé tel que soit un multiple de .
2)
La suite définie par .
Premiers termes : 1, 1, 1, 3, 5, 9, 17, 31, 57, 105, 193, 355,..., Modèle:OEIS.
En fait, .
3)
La suite définie par .
Premiers termes : 0, 1, 0, 1, 2, 3, 6, 11, 20, 37, 68, ..., Modèle:OEIS.
En fait, .
Notes et références
Voir aussi
Articles connexes
- Généralisations de la suite de Fibonacci
- Combinatoire des mots
- Complexité abélienne d'un mot
- Cube adouci
- Complexité d'un mot
- Mot sturmien
- Nombre de Delannoy
- Suite de Perrin
Liens externes
en:Generalizations of Fibonacci numbers#Tribonacci numbers
- ↑ 1,0 et 1,1 Modèle:Article
- ↑ Modèle:Article.
- ↑ Voir la Modèle:OEIS.
- ↑ Modèle:Article
- ↑ Modèle:Lien web
- ↑ 6,0 et 6,1 Modèle:En John C. Baez, One-bonacci, Two-bonacci, Three-bonacci, Four..., 12/12/2003
- ↑ Modèle:Lien web
- ↑ Modèle:Ouvrage