Tétration
En mathématiques, la tétration (ou encore nappe exponentielle, hyperpuissance, tour de puissances, super-exponentiation ou hyper4) est une « exponentiation itérée ». C'est le premier hyperopérateur après l'exponentiation.
Le mot-valise tétration a été forgé par Reuben Goodstein sur la base du préfixe tétra- (quatre) et itération. La tétration est utilisée pour l'écriture des grands nombres. Elle suit l'addition, la multiplication et l'exponentiation comme indiqué ci-après :
- addition
- multiplication
- exponentiation
- tétration
avec chaque fois b apparitions de la lettre a. La multiplication (a × b) peut être vue comme (b–1) itérations de l'opération "ajouter a", l'exponentiation (aModèle:Exp) comme (b–1) itérations de l'opération "multiplier par a" donc b apparitions de la lettre a. De manière analogue, la tétration (Modèle:Expa) peut être considérée comme (b–1) itérations de l'opération "élever à la puissance a".
On remarquera que lorsque l'on évalue une exponentiation à niveaux multiples, l'exponentiation est effectuée au niveau le plus « profond » en premier lieu (en notation, au niveau le plus élevé), c'est-à-dire de la droite vers la gauche. En d'autres termes :
- nModèle:'est pas égal à .
Ceci est la règle générale pour l'ordre des opérations impliquant une exponentiation répétée.
Notations
Afin de généraliser le premier cas ci-dessus (calcul des puissances de la droite vers la gauche) de la tétration à des valeurs non entières, une nouvelle notation est nécessaire. Le second cas (calcul de la gauche vers la droite) peut être également écrit : , donc l'écriture de sa forme générale utilise toujours une notation d'exponentiation ordinaire.
Les notations dans lesquelles une tétration peut être notée (parmi celles permettant même des niveaux d'itérations plus élevés) incluent :
- la notation standard : Modèle:Expa, utilisée en premier lieu par Hans Maurer[1] ; cette notation a été popularisée par le livre de Rudy Rucker, Infinity and the Mind.
- la notation des puissances itérées de Knuth : — peut être étendue en utilisant plus de flèches (ou de manière équivalente, une flèche indexée).
- la notation des flèches chaînées de Conway : — peut être étendue en augmentant le nombre 2 (équivalentes avec les extensions au-dessus), mais aussi, de manière plus performante, en étendant la chaîne.
- la notation hyper4 : — peut-être étendue en augmentant le nombre 4 ; cela donne la famille des hyper opérateurs.
Le cas particulier Modèle:Math peut s'écrire avec la fonction d'Ackermann :
- ,
- Modèle:C.-à-d. .
La flèche vers le haut est utilisée de manière identique au signe d'omission, ce qui fait que l'opérateur tétration peut être écrit comme ^^ en ASCII : a^^b.
Définition formelle
Pour un nombre réel Modèle:Math et un entier naturel Modèle:Mvar, on définit par récurrence :
- ;
- .
Exemples
(Les exemples écrits avec virgule sont approchés)
| n = n↑↑1 | n↑↑2 | n↑↑3 | n↑↑4 |
|---|---|---|---|
| 1 | 1 | 1 | 1 |
| 2 | 4 | 16 | 65 536 |
| 3 | 27 | environ 7.63 Trillion | |
| 4 | 256 | 1,34Modèle:X10 | |
| 5 | 3 125 | 1,91Modèle:X10 | |
| 6 | 46 656 | 2,70Modèle:X10 | |
| 7 | 823 543 | 3,76Modèle:X10 | |
| 8 | 16 777 216 | 6,01Modèle:X10 | |
| 9 | 387 420 489 | 4,28Modèle:X10 | |
| 10 | 10 000 000 000 | 10Modèle:Exp |
Extension à la valeur − 1 du second opérande
En utilisant la relation (déduite de la définition de la tétration), on peut définir les valeurs pour pour .
Cela confirme la définition intuitive de comme étant simplement Modèle:Mvar. Cependant, on ne peut plus définir plus de valeurs par itération supplémentaire de cette manière, puisque n'est pas défini.
Extension à la valeur 0 de la base
peut être défini sans problème comme étant égal à 1. Puisque est indéfini (), la définition donnée ci-dessus ne peut être utilisée lorsque Modèle:Math et doit rester une quantité non définie.
Parfois, [[Zéro puissance zéro|Modèle:Math]] est considéré comme quantité indéfinie. Dans ce cas, les valeurs pour peuvent être définies par la limite qui existe et vaut :
peut être définie en termes de cette limite et est en accord avec la définition de .
Extension de la tétration à des valeurs réelles positives de la base

L'extension de aux nombres réels est relativement simple et donne, pour chaque nombre entier naturel Modèle:Mvar, une fonction super-puissance (le préfixe super est parfois remplacé par hyper : fonction hyper-puissance).
Comme indiqué précédemment, pour les entiers positifs Modèle:Mvar, la fonction tend vers 1 pour Modèle:Mvar tendant vers 0 si Modèle:Mvar est pair, et vers 0 si Modèle:Mvar est impair, alors que pour et , la fonction est constante, avec pour valeur 1 et 0, respectivement.
Extension de la tétration à des bases complexes
Puisqu'un nombre complexe peut être élevé à une puissance complexe en utilisant la branche principale du logarithme complexe, la tétration peut être appliquée aux nombres de la forme , dans lesquels Modèle:Math est l'unité imaginaire.
Ainsi, calculons, par exemple, dans lequel . L'exponentiation est effectuée en utilisant la branche principale du logarithme complexe, et l'on a la relation :
Ce qui suggère une définition par récurrence pour lorsque :
On en déduit les valeurs approchées suivantes ( est l'exponentiation ). :
La résolution de la relation conduit aux relations attendues et .
Dans le plan complexe, la suite converge en spirale Modèle:Infra. De telles suites de tétration ont été étudiées depuis l'époque d'Euler[2] mais sont très peu comprises en raison de leur comportement chaotique. Les recherches les plus publiées se sont historiquement concentrées sur la convergence de la fonction de tour de puissances. La recherche actuelle a grandement bénéficié du progrès de puissantes stations de calcul avec des supports logiciel en mathématiques symboliques et fractales. La plupart de ce qui est connu sur la tétration vient de la connaissance générale de la dynamique complexe et de la recherche spécifique sur les nappes exponentielles.
Extension de la tétration à des valeurs réelles > − 2 du second opérande
À ce jour, il n'existe pas de solution communément acceptée pour le problème général d'extension de la tétration aux nombres réels et complexes, bien que cela soit un champ de recherche actif.
Considérons le problème de trouver une fonction super-exponentielle ou une fonction hyper-exponentielle
qui est une extension au réel
de ce qui est défini précédemment, et qui satisfait :
- ;
- f est croissante (pour ) ;
- f est continue.

Lorsque est définie sur un intervalle de longueur unitaire, on peut définir la fonction dans son ensemble pour tout , par récurrence.
Une solution simple est donnée par l'interpolation affine entre − 1 et 0 :
- pour ,
par conséquent :
- pour
- pour ,
- pour
- pour Modèle:Etc.
Cependant, si a ≠ e, la fonction ainsi définie est seulement dérivable par morceaux : à des valeurs entières de x, la dérivée est multipliée par entre deux intervalles :
- ,
- ,
- .
D'autres fonctions, plus compliquées, peuvent être plus régulières ou satisfont des propriétés additionnelles (fonction analytique, ou fonction prolongeable en une fonction holomorpheModèle:Etc.).
Une fonction super-exponentielle croît plus vite qu'une fonction exponentielle double.
Par exemple, si Modèle:Math :
- (googol)
- (googolplex)
Lorsque l'on définit pour tout a, une autre condition requise peut être que est croissante avec a.
Opérations inverses de la tétration : super-logarithmes
Les fonctions réciproques de la tétration relativement à la base ou relativement au deuxième opérande sont appelées respectivement super-racines ou hyper-racines, et super-logarithme ou hyper-logarithme.
La bijection réciproque de la fonction super-exponentielle est définie, si a > 1, pour tous les nombres réels, y compris les nombres négatifs.
La fonction super-logarithme vérifie :
- si x > 0
Dans le paragraphe précédent on a défini :
- pour ,
- pour ,
Par conséquent (avec a > 1)
- si (on interpole par une fonction logarithme entre 1 et a) :
- si (on interpole par une fonction affine entre 0 et 1) :
- si .
Exemples :
- ;
- ;
- ;
- .
Tours de puissances infiniment hautes

La suite converge vers Modèle:Math. La tendance vers Modèle:Math peut être perçue en évaluant une petite tour finie :
- .
En général, la tour de puissances converge si, et seulement si[3]Modèle:,[4], .
Pour un réel quelconque Modèle:Mvar avec , si , alors la limite de est Modèle:Mvar.
La fonction peut être étendue aux nombres complexes Modèle:Mvar avec la définition :
- pour Modèle:Math,
où est la branche principale de la fonction W de Lambert et Modèle:Math est celle du logarithme complexe.
Par exemple[5] :
- Modèle:Math (suites Modèle:OEIS2C et Modèle:OEIS2C de l'OEIS), de module Modèle:Math (Modèle:OEIS2C).
Notes et références
Modèle:Traduction/Référence Modèle:Références
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
Liens externes
- Modèle:Lien web
- Modèle:Lien archive (non daté, 2006 ou plus tôt ; une exposition plus simple, plus facile à lire que la référence suivante)
- Modèle:Lien archive
- Modèle:Lien archive (liste de références à la recherche sur la tétration. Informations nombreuses sur la fonction W de Lambert, les surfaces de Riemann et le prolongement analytique)
- Modèle:Lien web
- ↑ Modèle:Article, d'après Modèle:Harvsp.
- ↑ E489 : Modèle:Article.
- ↑ Voir Modèle:Harvsp et ses références (I. N. Baker et P. J. Rippon 1984 et 1985, Modèle:Harvsp, Rippon 1983).
- ↑ Démonstration : Modèle:Lien web.
- ↑ Modèle:Lien web.